Les vacances sont un moment particulièrement propice à la lecture. Allongé.e.s sur sa serviette ou dans un transat, les livres de l'été nous accompagnent dans de longs moments de détente. La lecture aide notre cerveau à échapper au stress quotidien, favorise le sommeil et stimule nos neurones. Parfait pour recharger les batteries pendant cette parenthèse estivale! Inès, étudiante à l'Ecole Normale Supérieure a sélectionné pour Mastic, huit œuvres éclectiques traitant de la campagne dans la littérature. Elle partage aujourd'hui les quatre premiers ouvrages à glisser dans nos valises.
" Il fait chaud, très chaud en ce mois d’août, et rien ne semble aussi attirant qu’un coin de verdure à l’ombre. Pour les plus chanceux, le rêve est juste derrière la porte du salon, au bout du jardin; pour les autres, il va falloir le vivre par procuration, par exemple, par la lecture. Quelle que soit votre situation, je vous propose aujourd’hui une sélection de livres, d’époque et de genre varié, qui vous transporteront aux quatre coins de la France, au cœur de la campagne…
La Charrette Bleue, René Barjavel
On connaît surtout Barjavel pour ses romans dystopiques ou futuristes, qui lui ont valu le titre de premier maître du genre en France. Dans La Charrette bleue, Barjavel a rassemblé ses souvenirs d’enfance plus intimes, ayant pour décor Nyons, la Provence, et la boulangerie familiale. Le premier d’entre eux, qui servira de fil conducteur au récit, est la fabrication d’une nouvelle charrette par le charron du village, commandée par un paysan de la région. Il raconte une enfance du siècle passé, dans un monde rural où tout le monde se connaît, et témoigne des transformations profondes que la première guerre mondiale fait subir à la campagne. Ses souvenirs d’enfant, puis d’adolescent, alternent entre précision extrême et flou poétique, mais participent tous à la reconstitution nostalgique d’un monde et d’un temps qui ne sont plus. C’est surtout une galerie de portraits flamboyants que Barjavel propose, hommage à tous ceux qui animèrent le village de son enfance, avec en premier lieu, celui de sa mère.
Genre : autobiographie
Parution : 1982
Où le lire : dans le sud, sous une chaleur écrasante, accompagné du bruit des grillons.
La Pette Fadette, Georges Sand
Difficile de parler de littérature et de campagne sans évoquer George Sand, et ses « romans champêtres » ancrés dans le monde paysan de son Berry natal. Rédigée dans la maison familiale de l’auteure à Nohant en pleine révolution, La Petite Fadette relève parfaitement de cette veine, dans un univers à la fois réaliste et fantastique. Fanchon Fadet est une fillette grossière et téméraire, petite-fille de la sorcière du village. Convaincue d’être dotée des mêmes dons, mais harcelée par la plupart des habitants, elle rencontre alors le jeune Landry, désespéré par la disparition de son frère, et se décide alors à l’aider… Sous couvert de conte féerique et d’histoire d’amour naïve, La petite Fadette s’impose comme une grande fresque des mœurs et des idéaux politiques de son temps, et s’impose certainement l’un des plus grands livres de Sand.
Genre : roman
Parution : 1848
Où le lire : dans la campagne berrichonne, ou, à défaut, dans tout cadre où pourraient se cacher des fées…
Grossir le ciel, Franck Bouysse
Gus vit aux Doge, un lieu-dit reculé des Cévennes qu’il ne partage qu’avec un seul voisin, Abel, installé dans une ferme de l’autre côté de la forêt. Paysan, il passe la majorité de son temps avec ses huit veaux et dix-sept vaches, et l’entièreté de celui-ci avec son chien Mars. Gus jalouse la neige, qui peut changer d’état alors que lui doit se contenter de son enveloppe d’homme, coincé dans un « drôle de pays de brutes et de taiseux » perdu dans les hauteurs. Gus est si solitaire qu’il a du mal à distinguer le réel du non-réel, et n’admire pas grand monde, à part l’Abbé Pierre. Le jour où celui-ci vient grossir le ciel, en 2007, le cours laborieux et monotone de la vie de Gus déraille brusquement, et les souvenirs remontent, alors que d’étranges incidents viennent à se produire autour de lui...
Franck Bouysse signe ici un polar captivant, véritable fable sur la solitude, la vie des petits bourgs et la solidarité paysanne ; il dépeint un monde si éloigné du reste que la politique ou les décisions prises à Paris ne semblent pas y faire grand sens, un monde où l’on se connaît depuis des générations, ou les ressentiments familiaux se passent de père en fils, où la logique et le bon sens prévalent sur tout autre système. Le monde paysan y est décrit sans fard, et notamment les difficultés auxquelles il fait face aujourd'hui.
Genre : polar
Parution : 2015
Où le lire : Au bord d’un canal, absolument seul ; à l’ombre convoitée du fond du jardin, absolument seul ; dans un village isolé de montagne, absolument seul. Vous l’aurez compris, il faut être seul pour pleinement apprécier la traversée du désert de Gus, commençant officiellement avec la mort de l’abbé Pierre, mais dont les racines se révéleront bien plus anciennes.
Echappée, Agnès Dargent
Agnès Dargent a hérité de son grand-père, originaire du Morvan, un amour des paysages français et des escapades à vélo. Dans son unique recueil de poésie, elle relate six randonnées à vélo, entre la région lyonnaise, la Haute-Loire, la Haute-Savoie, ou encore l’Ardèche. Elle relate les échanges entendus aux cafés et bistrots du coin, les marchés de village, la lutte des petits commerces pour exister face aux géants, et dresse ainsi une galerie de portraits épousant les paysages décrits. C’est aussi une ode au voyage à vélo, et à la bicyclette elle-même. Ce livre se savoure lentement, faisant naître des panoramas superbes mélangeant montagnes, plaines, rivières et villages fleuris. Il invite surtout à découvrir l’extraordinaire à côté de chez soi, et à aiguiser sa curiosité du local.
Genre : poésie
Parution : 2000
Où le lire : à la terrasse d’un café, tôt le matin, en s’arrêtant pour regarder les gens passer; sous la tente durant un trek; aux pauses d’une balade à vélo.
Bonne lecture et à la semaine prochaine pour découvrir quatre nouvelles œuvres. "
I.C
crédit photo © les anderson
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